Le Livre blanc de la sécurité intérieure en synthèse

Maintes fois repoussé, promis pour le début de l’année 2020 puis retardé en raison de la crise sanitaire, le Livre blanc de la sécurité intérieure est enfin paru en novembre 2020. Très attendu par les professionnels de la sécurité, il répond aux enjeux de sécurité intérieure actuels, au travers de propositions qui dessinent un véritable pacte de protection et de sécurité des Français.

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Livre blanc de la sécurité intérieure

Depuis plusieurs années, en France, les questions de sécurité sont au cœur des préoccupations des citoyens et des politiques. Attentats terroristes, crise des gilets jaunes, malaise policier, le contexte nécessitait une concertation et une réflexion sur la sécurité intérieure du pays et la dimension humaine qui lui est associée. Le Livre blanc de la sécurité intérieure répond ainsi à une demande sociétale croissante et entend relever les nouveaux défis sécuritaires du 21e siècle : évolutions territoriales et nouveaux enjeux liés à la mobilité, méconnaissance des institutions de la part du grand public, variété des menaces (des incivilités dans les transports au trafic de stupéfiants) et nouvelles menaces comme celles liées à l’urgence écologique, le terrorisme, ou encore les risques cyber.

Rétablir une confiance entre les forces de l’ordre et la population

La défiance du public à l’égard des forces de l’ordre censées les protéger est une problématique actuelle en matière de sécurité intérieure. Le Livre blanc a la volonté de réaffirmer la légitimité de la police mais aussi de remobiliser le citoyen dans le cadre d’une société de vigilance. Favoriser l’engagement de la population aux côtés des forces de sécurité intérieure est l’une des pistes, notamment en s’appuyant sur le service national universel ou en optimisant le recours au volontariat et aux réservistes.

La communication doit également être un élément fédérateur qui légitime et décrypte les actions des forces de l’ordre. Et qui surtout réaffirme le sens de leur mission : protéger les citoyens et assurer leur sécurité au quotidien. « Vivre en sécurité, cela suppose un espace public complètement pacifié, et que l’on puisse compter sur les forces de sécurité pour protéger les citoyens, rappelle Guillaume Farde, conseiller scientifique de la spécialité sécurité-défense à l'école d'affaires publiques de Sciences Po. C’est un principe démocratique qui suppose que personne ne redoute le contact avec la police. »

Décloisonner les missions et les partager avec le secteur de la sécurité privée

Garantir l’efficacité de cette mission au quotidien est un autre défi majeur de la sécurité intérieure. Le Livre blanc préconise une approche plus transversale et décloisonnée des missions de sécurité, en dépassant les frontières entre les services et en valorisant la proximité avec le terrain.

Pour garantir la sécurité de tous, le Livre blanc revient ainsi sur le continuum de sécurité, piste de réflexion inévitable pour penser un partage des tâches entre la sécurité publique et les acteurs de la sécurité privée. « L’État ne peut assurer seul la sécurité générale de la nation, souligne Francis Serrano, directeur des relations institutionnelles Securitas France. Dans ces conditions, il est nécessaire que la sécurité privée monte en puissance, parallèlement à un renforcement des rôles des maires et des polices municipales. » Cela passe aussi par une méthode qui va permettre d’augmenter les prérogatives des acteurs du continuum et l’extension des équipements qui leur est permis d’utiliser.

Relever le défi de la sécurité de demain

Pour porter l’ambition du Livre blanc, une réorganisation du ministère de l’Intérieur et une rénovation des moyens humains et matériels sont nécessaires. De la formation, qui doit s’adapter aux nouveaux types de missions des forces de l’ordre, au recrutement en passant par la politique managériale, de nombreuses propositions sont présentées afin d’améliorer la sécurité quotidienne de chaque citoyen.

Le Livre blanc insiste notamment sur l’importance des nouvelles technologies, comme la biométrie ou l’intelligence artificielle, pour moderniser les outils des forces de sécurité intérieure, qui doivent se donner les moyens de relever les défis de la sécurité de demain.