Hausse générale des salaires de 7,5 % et des prix des prestations dans la sécurité privée

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Un accord a été trouvé en octobre 2022 pour tirer les conséquences, au 1er janvier 2023, de l'inflation et des revalorisations du SMIC qui en découlent. Les entreprises de sécurité sont contraintes à répercuter l’augmentation des salaires sur leurs tarifs.

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Hausse générale des salaires de 7,5 % et des prix des prestations dans la sécurité privée

Jamais depuis les années 1970, les prix n’avaient autant augmenté en France. À la fin du mois de novembre 2022, l’inflation s’élevait en rythme annuel à 6,2 %, laissant présager une année record. Avec comme impact immédiat la hausse du SMIC. Le code du travail prévoit en effet une revalorisation automatique du salaire minimum lorsque la hausse des prix dépasse 2% par rapport à la dernière augmentation du SMIC. C’est ainsi que ce dernier s’est trouvé augmenté de 2,2 % en octobre 2021, au moment où les prix à la consommation commençaient à s’envoler.

Le SMIC revalorisé trois fois en 2022

Conséquence immédiate, les agents de sécurité payés légèrement au-dessus du SMIC se sont retrouvés avec un salaire au niveau de celui-ci. C’est ce que les experts appellent « l’écrasement de la grille des salaires de la convention collective Prévention et Sécurité ».

Dans la profession, cette nouvelle donne a été prise très au sérieux. Le Groupement des Entreprises de Sécurité (GES) et la majorité des syndicats représentatifs ont à l’époque convenu d’augmenter d’autant (+2,2 %) la grille des salaires de la profession, avec effet au 1er janvier 2022. Mais les choses se sont ensuite compliquées, car la flambée des tarifs des matières premières et la situation géopolitique internationale, aggravée par la guerre en Ukraine, ont fait s’envoler les prix à la consommation. Si bien que le SMIC a été revalorisé trois fois : au 1er janvier (+0,9 %), au 1er mai (2,65 %) et au 1er août (+2,01 %).

« Après une première tentative avortée de nouvel accord avec les syndicats, les organisations patronales et les organisations syndicales (FO, CFDT, CFE-CGC, Unsa, Sud et CFTC) ont finalement signé en octobre 2022 un accord prévoyant une hausse générale de la grille de 7,5 % au 1er janvier 2023 », explique Sébastien Trillaud, directeur des opérations de Securitas France. « C’est une très belle évolution. Les entreprises sont peu nombreuses à accorder une telle augmentation à tous leurs employés. Chez nous, elle s’ajoute qui plus est à la hausse de 2,2 % du 1er janvier dernier ».

Redonner de l’élan à la profession d’agent de sécurité privée

Mais ce n’est pas tout. En parallèle, une autre négociation qui avait démarré il y a plus d’un an se poursuit actuellement. Son objectif : adopter une nouvelle grille de qualification qui, en réduisant le nombre de cœfficients de la grille salariale, apporterait de la souplesse et permettrait de revaloriser les salaires du secteur de 10 % en moyenne, y compris pour les nouvelles embauches.

« Il s’agit de redonner de l’élan à une profession qui a perdu de son attractivité, au moment où les recrutements vont devoir augmenter pour gérer la sécurité de la Coupe du monde de Rugby, en septembre 2023, et des Jeux Olympiques de l’été 2024 », analyse Sébastien Trillaud.

« Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre, nous ne pouvons pas avoir des agents de sécurité payés seulement au SMIC. Nos salariés ont besoin d’être formés, performants, disponibles, capables d’utiliser nos outils informatiques et avec des notions d’anglais », commente de son côté Jorge Neves, chef de projet pricing chez Securitas France.

Or tout ceci a un coût. Pour absorber celui-ci, les entreprises de sécurité privée n’ont d’autre choix que de réajuster à la hausse le prix de leurs services. En 2019 déjà, une première démarche avait été lancée pour que figure, dans les conditions générales de vente, la possibilité de répercuter sur les tarifs de Securitas toute hausse des salaires qui serait imposée par des hausses légales ou conventionnelles. La hausse du SMIC, par exemple.

Expliquer la hausse des prestations aux clients

Depuis la fin du mois d’avril 2022, Securitas mène une campagne d’information à ce sujet, par courrier, auprès de ses clients. Et depuis le mois de novembre, les directeurs d’agences sont entrés en discussion avec leurs clients. Concrètement, il est proposé aux clients de faire évoluer leurs prestations vers des solutions à base de technologie. Si ce schéma ne convainc pas, il est proposé au client une hausse de tarif de 7,5 %. Ou, à défaut, une diminution du volume horaire de la prestation de sécurité.

« Cette campagne permet d’accompagner les clients dans la transformation de leurs services. Elle se doit d’être une réussite, car la hausse de la grille des salaires est intervenue au 1er janvier », pointe Sébastien Trillaud.

C’est en bonne voie, car un accord a été trouvé avec près d’un tiers des clients. Les mois à venir s’annoncent compliqués. Pendant plusieurs trimestres, le SMIC devrait en effet continuer à croître.