Fortes chaleurs, un risque accru pour la sécurité incendie des sites industriels

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Les vagues de chaleur ne sont pas seulement un défi pour le confort humain. Elles représentent un risque significatif pour la sécurité incendie des activités industrielles, en particulier des zones de stockage des déchets. Quels sont les risques associés aux fortes chaleurs ? Explications de Didier Bourgeois, consultant sécurité & sûreté de Securitas.

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Fortes chaleurs, un risque accru pour la sécurité incendie des sites industriels

Avec le dérèglement climatique, les vagues de chaleur deviennent de plus en plus courantes. Si elles sont souvent associées à des préoccupations de santé publique, il est essentiel de comprendre leur impact sur la sécurité incendie, en particulier dans le secteur industriel. Les sites industriels, avec leur concentration d'équipements, de produits chimiques ou de stockage des déchets, sont particulièrement vulnérables aux risques liés aux fortes chaleurs.

Entre l’été 1983 et la fin d’année 2019, une étude du BARPI* a dénombré 254 événements désignant les fortes chaleurs comme l’origine ou le facteur aggravant de certains incendies.

La surchauffe, un danger silencieux

« Toute installation technique est conçue pour fonctionner dans des conditions de température spécifiques. Lorsque la température ambiante dépasse ces limites, ses différents composants peuvent surchauffer, augmentant ainsi le risque d’incendie », précise Didier Bourgeois, consultant sécurité & sûreté de Securitas.

Par ailleurs, les machines industrielles, en particulier celles qui fonctionnent en continu, peuvent accumuler de la chaleur du simple fait de leur fonctionnement.

« Les lubrifiants se dégradent ainsi plus rapidement, réduisant leur efficacité et augmentant la friction, un facteur potentiel d'incendie », souligne Didier Bourgeois.

D'autres équipements de refroidissement, tels que les ventilateurs et les climatiseurs, peuvent être très sollicités, réduisant leur efficacité et augmentant le risque de défaillance.

Produits chimiques sous haute surveillance

De nombreux sites industriels stockent ou utilisent des produits chimiques thermosensibles. « Sous le coup de fortes chaleurs, certains produits peuvent s'évaporer plus rapidement, augmentant la concentration de vapeurs inflammables. D'autres peuvent réagir différemment ou devenir plus réactifs à des températures élevées, augmentant le risque d'incidents chimiques ou d'explosions », souligne Didier Bourgeois.

Feux de broussaille, la menace extérieure

Les sites industriels situés à proximité de zones végétalisées sont exposés au risque de feux de broussaille, surtout pendant les périodes de sécheresse et de vent. Ces feux peuvent se propager rapidement et atteindre les installations industrielles, mettant en danger les personnes et les biens.

Orages et fortes chaleurs, une double menace

Après des épisodes caniculaires, les orages violents, souvent accompagnés de foudres, sont fréquents. Les éclairs peuvent facilement enflammer des zones desséchées. De plus, les structures industrielles, surtout celles dotées d'équipements extérieurs, peuvent être endommagées par la foudre, entraînant des risques d'incendie dus à des courts-circuits ou à la surchauffe d'équipements. Ainsi, la combinaison de fortes chaleurs et d'orages électriques crée un environnement particulièrement propice à la propagation rapide des incendies, nécessitant une vigilance et une préparation accrues. Sans oublier les autres risques associés aux fortes chaleurs et au dérèglement climatique comme les pluies torrentielles, les rafales de vent, voire les chutes de grêles ou les mini-tornades qui peuvent infliger aux sites industriels des dommages tout aussi conséquents que les incendies.

Mesures préventives et surveillance, la clé de la sécurité

C’est pourquoi il est essentiel pour les entreprises de réaliser une analyse de risques pour mettre en place des mesures préventives adaptées et rendre leurs infrastructures résilientes. Il est aussi nécessaire de former et de sensibiliser leur personnel, les intérimaires et les entreprises sous-traitantes aux risques incendie. Sans oublier de respecter les alertes météorologiques.

Parmi les actions à mettre en place, il s’agit d’identifier les produits susceptibles de réagir à la chaleur, compartimenter ou créer des zones limitées de stockage, renforcer la maintenance préventive régulière des installations, mettre en place une surveillance renforcée, notamment des stockages extérieurs de matières de matières fermentescibles (pouvant entrer en fermentation sous l’action de la chaleur), et en particulier en dehors des heures d’activité…

De même, « si nous ne sommes pas capables de l’empêcher de tomber, il existe plusieurs moyens efficaces pour protéger les sites de la foudre, comme les paratonnerres, parafoudres ou parasurtenseurs », détaille Didier Bourgeois.

Des mesures d’autant plus importantes qu’« un incendie peut avoir des impacts lourds pour une entreprise, que ce soit au niveau économique, matériel, humain ou environnemental. 70 % des entreprises victimes d’un sinistre majeur disparaissent dans les trois ans qui suivent », conclut Didier Bourgeois.

* Au sein du ministère de la Transition écologique / Direction générale de la prévention des risques, le Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels (BARPI) est chargé de rassembler, d’analyser et de diffuser les informations et le retour d’expérience en matière d’accidents industriels et technologiques.