Innovation dans le recrutement des agents de sûreté aéroportuaire

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Dans un secteur en pleine mutation, Securitas Aviation a innové pour faire face aux difficultés de recrutement des agents de sûreté aéroportuaire, chargés de la sûreté des vols, de la ponctualité et de l’expérience clients dans les aéroports. Xavier Gondaud, Président directeur général de Securitas Aviation, explique les particularités et les enjeux de ce métier, ainsi que les solutions innovantes mises en place pour répondre à la tension sur le marché de l'emploi.

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Innovation dans le recrutement des agents de sûreté aéroportuaire

Qu’est-ce qui fait la particularité du métier d’agent de sûreté aéroportuaire ? 

Xavier Gondaud : Les missions des agents de sûreté aéroportuaire comportent quatre particularités et enjeux majeurs : la conformité réglementaire, la ponctualité, la relation commerciale avec les passagers et la prévention du risque terroriste, point essentiel au cœur de notre mission. Les agents de sûreté aéroportuaire sont un des points de contact humain avec le passager entre son arrivée à l’aéroport et l’embarquement dans l’avion. Ils sont au cœur du fonctionnement de l’aéroport, ce qui implique de leur part un fort engagement. Leurs missions ont également une influence sur la ponctualité des vols : le temps d’attente des passagers au centre de contrôle peut avoir un effet boule de neige. Or, chaque minute de retard sur un vol représente un surcoût de 17 000 euros en moyenne pour une compagnie aérienne.  
La mission des agents de sûreté aéroportuaire a également une dimension commerciale. Si tout s'est bien passé au centre de contrôle, c'est presque l’« effet waouh » garanti. Les conditions favorables à une expérience client positive sont réunies, les passagers ont plus envie de consommer dans les boutiques, les cafés et les restaurants de l’aéroport. Mais en tout premier lieu, il y a le risque terroriste : les agents de sûreté aéroportuaire sont là avant tout pour la sûreté des vols et l’application des directives mondiales en matière de transport aérien. C’est pourquoi ce métier s’inscrit dans un environnement réglementaire extrêmement exigeant et contraignant. Il nécessite une double habilitation du ministère de l'Intérieur via le CNAPS* ainsi que des certifications de l’aviation civile pour des typologies d’expertise au nombre de onze.  

Pourquoi ces métiers sont-ils aujourd’hui en tension ?  

X.G. : Avec la crise COVID, la sûreté aéroportuaire a été impactée de façon extrêmement violente, comme tous les métiers de service ouverts au grand public, en particulier le tourisme, l'hôtellerie, les cinémas, les restaurants, et cela partout dans le monde. La pandémie a complètement bouleversé le trafic aérien et le marché de l'emploi dans le secteur des services. Et là encore, Securitas Aviation s'est adaptée. Pendant la pandémie, plus de 80% des 1 400 agents de sûreté aéroportuaire sont passés en activité partielle et notre activité Accueil a été réduite de 500 à 30 personnes. Puis le transport aérien a repris de façon beaucoup plus rapide et intense que ce qui avait été prévu. Il a donc fallu se réinventer dans un contexte RH qui a complètement changé et un trafic aérien qui a migré, notamment avec l’essor de la visio-conférence. La clientèle business a laissé la place à la clientèle de tourisme et tourisme affinitaire. Face à cette nouvelle donne, nous avons recruté massivement. En 2023, nous sommes passés de moins de 2 000 salariés à près de 3 000. Mais recruter un pompier d’aéroport, une hôtesse d’accueil ou un agent de sûreté aéroportuaire n’est pas une mince affaire. Il faut compter quatre à six mois car il s’agit d’un métier qui exige deux certifications, un double agrément, des formations sur des équipements 3D, etc. À cela s’ajoutent des compétences en constante évolution avec les avancées technologiques : derrière la technologie 4.0, il faut un agent de sûreté aéroportuaire 4.0.  

Pour faire face à ce contexte de recrutement tendu, Securitas Aviation s’est montrée particulièrement innovante… 

X.G. : En tant que président de Securitas Aviation, je suis moi-même très engagé sur tous les sujets RH. Je suis notamment vice-président de l’Aviation Impact RH qui regroupe l’ensemble des métiers de service sur un aéroport (90% des emplois d’un aéroport sont sous-traités). Securitas Aviation doit donc être exemplaire et avoir une politique et un savoir-faire en matière de RSE développés et reconnus. La RSE est un véritable engagement, et une de nos trois priorités, car c'est aujourd’hui l'enjeu clé des entreprises de services. Nous jouons à la fois sur l’ancrage dans les territoires et sur la puissance du digital. Nous travaillons en partenariat avec les régions, avec les services de l'emploi des missions locales ou de Pôle Emploi. Nous nous mobilisons également sur les réseaux sociaux. L’AIRH** a lancé une plateforme digitale, Aerowork, qui est devenue une marque. C’est un format de recrutement innovant, sans CV, pour tous les métiers de l’aéroport. Un test de personnalité de vingt questions permet à l’algorithme d’Aerowork d’établir les aptitudes et les principales compétences des candidats et de les orienter vers les offres d’emploi qui correspondent à leur profil. Conseillée par des cabinets spécialisés, Securitas Aviation a mis en place une véritable « machine de guerre » : nous avons contacté des influenceurs, qui ont poussé cette marque sur les réseaux sociaux, avec à la clé plus de 2 millions de vues. Résultat : les candidats se sont précipités sur www.aerowork.fr

Vous avez innové également côté attractivité et rétention des candidats. 

X.G. : Nous nous appuyons sur deux axes centraux : les conditions de travail et les conditions de vie. Côté conditions de travail, le premier enjeu, c’est le planning. Nous avons innové et investi dans un outil informatique qui nous permet de faire du planning inversé : nous rentrons toutes les demandes des agents de sûreté aéroportuaire, et, grâce à cet outil, leurs demandes sont satisfaites à 80 % en moyenne, sauf pour les journées à fort trafic naturellement (départs en vacances). L’autre enjeu clé, c’est l’ambiance de travail, qui repose essentiellement sur la qualité de la relation avec le N+1. Nous avons et allons continuer à investir massivement dans l’animation du chef d'équipe et des superviseurs. 

Dernier point, nous cherchons aussi à améliorer les conditions de vie, en proposant des salles de repli cosy pour des poses agréables. 

2023 est une année faste pour Securitas Aviation avec le renouvellement de 100% de vos contrats et la réouverture d’Orly. 

X.G. : En effet, 100 % de nos clients nous font confiance ! Nous avons signé des contrats à Perpignan, Brest, Nice, Marseille, Paris-Charles-de-Gaulle, et on vient de regagner Orly. Ce succès, nous le devons à une organisation décentralisée, à un sens du service et à une politique RSE très dynamique, dans lequel les volets recrutement, attractivité et rétention sont très développés. Dans notre offre commerciale, le mémoire RSE représente un engagement de 180 pages. C’est ce qui nous a permis de faire la différence.  

* Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS) 
** AIRH (Air RH) - Cabinet conseil en ressources humaines et intelligence émotionnelle