Quel est le rôle d’un directeur de sécurité et de sûreté ?

Apparue progressivement dans les grandes entreprises françaises, la fonction de directeur de sécurité et sûreté est intimement liée aux enjeux économiques que rencontrent les entreprises. C’est elle qui est à l’origine des contrats signés avec les professionnels de la sécurité.

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Quel est le rôle d’un directeur de sécurité et de sûreté ?

Les directeurs de la sécurité sont apparus au gré des crises qui ont marqué les grandes entreprises depuis la révolution industrielle. La mondialisation, la lutte contre l’espionnage industriel, les attentats du 11 septembre 2001, l’attentat de Karachi en 2002 et la jurisprudence qui en découle ont achevé de prouver leur utilité.

Des missions qui se sont clarifiées

Au sein de leurs entreprises, privées ou publiques, les directeurs de sécurité et de sûreté sont au service des salariés et des clients. Ils conçoivent et mettent en œuvre les politiques de sécurité et de sûreté des fleurons de l’économie, en concertation avec les PDG, DRH, secrétaires généraux et comités exécutifs.

Il y a quelques années, rappelle Stéphane Volant, président du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE), la fiche de poste, était « un peu floue » : « celui qui l’occupait alors, était plus ou moins bien formé, et le poste était plus ou moins bien dimensionné ». Les choses ont bien changé depuis. Tout récemment, la pandémie de Covid-19 a mis en lumière le rôle transversal des directeurs de sécurité et de sûreté dans l’entreprise, ainsi que l’expertise qui est attendue d’eux sur les vrais enjeux de sécurité économique.

« Ce sont eux qui sont à la manœuvre pour signer des contrats avec des prestataires de sécurité, aux côtés du directeur des achats et du directeur financier. Ils sont de plus en plus écoutés dans ce triumvirat car la société prend la mesure des efforts faits par la profession ces dernières années, efforts éthiques, efforts de dialogue », se félicite Stéphane Volant.

Principaux importateurs et exportateurs de l’économie française

Les directeurs de sécurité et de sûreté des grands groupes sont, de facto, les premiers donneurs d’ordre en matière de sécurité privée : 70 % du chiffre d’affaires du secteur étant couvert par des marchés privés. Ils sont non seulement les grands utilisateurs des technologies de sécurité, mais aussi les principaux importateurs et exportateurs de l’économie française.

Qu’on les appelle directeur sécurité ou sûreté, « risk manager », directeur des risques, de la continuité d’activité ou secrétaire général, ces cadres dirigeants participent à la gestion de la maîtrise des risques, notamment le risque terroriste qui est toujours réel, bien qu’on ait tendance à l’oublier. Ils assurent aussi souvent l’interface entre l’État et l’entreprise en étant, en quelque sorte, les correspondants des ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères ou des Armées dans les entreprises.

« Ils ont par exemple dans leur escarcelle la sécurité des déploiements de filiales à l’international. Dans la plupart des cas, ce sont eux qui mettent en place les systèmes d’autorisations préalables de déplacement qu’ils gèrent avec les ressources humaines », pointe Stéphane Volant.

En clair, ce sont eux qui déterminent les zones à risque pour les collaborateurs de l’entreprise à l’étranger, dans quel hôtel ils peuvent résider, si ce déplacement nécessite une prestation de sécurité privée.

Un métier en mouvement

Dans le cadre des Jeux Olympiques de 2024, les directeurs de sécurité et de sûreté seront particulièrement mobilisés car cet événement sportif ne prendra pas uniquement la forme de stades remplis de spectateurs. Tous les sites touristiques seront concernés par l’afflux de gens venus du monde entier, les grands musées par exemple, mais aussi les transports en commun, les centres commerciaux et les grands magasins, les cinémas ou les parkings. Une situation sans précédent pour Paris.

Par ailleurs, la R&D devient un sujet essentiel.

« Depuis quelques mois, j’observe une vraie volonté d’investir dans ce domaine. Les entreprises ont été beaucoup mobilisées sur la RSE, l’éthique, la conformité à des critères sociaux et environnementaux, la déontologie… Aujourd’hui, elles augmentent aussi très sensiblement les budgets nécessaires au soutien des agents de sécurité déployés sur leurs sites », observe Stéphane Volant.

Avec, en toile de fond, une réflexion sur les parts respectives de l’humain et de la technologie. Et des débats sur l’impact que pourrait avoir l’émergence de l’intelligence artificielle. Directeur de sécurité et de sûreté, un métier en mouvement.